¤ MESSAGES: LA CRIMINOLOGIE DANS LE MONDE ....
- BURKINA FASO: Le centre de réinsertion de Laye
- FRANCE: L'intervention du psychologue en Centre d'Action Educative
- INTERNATIONAL: Compte rendu du XI ème colloque de l'AICLF
- MALI: Le centre de réinsertion pour mineurs de Bollé
- MAROC: Phénomène de délinquance
- QUEBEC ET AMERIQUE DU NORD: Les programmes probants auprès des jeunes délinquants persistants
- QUEBEC: Compendium 2000 des programmes correctionnels efficaces, Motiuk
- QUEBEC: La thérapie psychodynamique, Kernberg
- QUEBEC: Le modèle psychoéducatif, Gendreau
- QUEBEC: Réflexion sur la place de la psychanalyse dans l'intervention auprès des jeunes contrevenants
- QUEBEC: Réflexion sur la place des programmes de réparation auprès des jeunes contrevenants du Centre Jeunesse de Montréal
- SENEGAL: Intervention au sein d'un service de garde
- SENEGAL: Intervention en service d'action éducative
¤ MOTS CLES DES MESSAGES
- Afrique (6)
- Amérique du Nord (7)
- approche cognitivo-comportementale (4)
- approche psychodynamique (2)
- centre de réinsertion (4)
- centre de sauvegarde (1)
- Centre Jeunesse de Montréal (1)
- entretien avec un professionnel (5)
- entretien individuel (2)
- essai théorique (7)
- Europe (2)
- France (2)
- interactions professionnel-patient (4)
- investigation (2)
- jeunes contrevenants (11)
- jeunes en dangers (1)
- LSJPA (1)
- mesures réparatrices (1)
- personnalités limites (1)
- prise en charge éducative (7)
- problématique délinquante (2)
- programmes correctionnels (1)
- psychoéducation (2)
- service/centre d'action éducative (2)
- théories psychanalytiques (3)
- victimes (1)
¤ CONTACTS DE PAR LE MONDE
¤ L'INTERVENTION EN CRIMINOLOGIE
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10 sept. 2007
¤ QUEBEC: Compendium 2000 des programmes correctionnels efficaces, Motiuk
1. Références théoriques et empiriques…
Les programmes correctionnels sont qualifiés comme un « ensemble d’activités ayant un objectif précis», ou comme « une série planifiée de possibilités d’apprentissage présentés à des délinquants jugé, et, ayant pour objectif de réduire la récidive ». Il s’agit donc d’une perspective comportementale, dans une approche constructive.
Les références théoriques et empiriques sont différentes et multiples selon la structure du système de justice pénale, dans lequel on se situe, le nombre et la durée des rencontres etc. mais les activités sont souvent de nature psychoéducative, cognitivo-comportementale ou thérapeutique.
Leurs principes « tiennent comptent des particularités individuelles, dans le comportement criminel ». Ainsi est né une psychologie du comportement criminel, interdisciplinaire. Elle reconnaît un grand nombre de facteurs entrant en compte dans le comportement criminel, d’ordre biologique, personnel, interpersonnel et structurel, culturel, politique et économique. La perspective psychologique recommandée est une approche large de la personnalité et de l’apprentissage social qui repose sur un modèle fondé sur les causes de la criminalité et sur le changement personnel. On parle donc de facteurs de risques sur toutes les sphères de vie du jeune et les traitements ciblent les besoins criminogènes de la personne délinquante.
Pour Andrews et Bonta (1994), c’est avant tout l’approche cognitivo-comportementale, ou d’apprentissage sociale qui doit sous-tendre ces traitements, plutôt que d’autres formes de thérapies axées sur la compréhension de soi etc., en tentant d’agir directement sur la réduction des comportements et pensées antisociaux en utilisant des méthodes tel que le renforcement positif, tout en accordant une place privilégier aux notions de réceptivité (avec les étapes de Prochaska et DiClemente, de 1986), de motivation, de résistance et d’alliance thérapeutique.
2. Références légales, sociales ou politiques…
Ces programmes correctionnels ont été mis en place, durant les deux dernières décennies, dans un contexte socio-politique, où les pratiques et politiques correctionnelles de dissuasion, de sanction et de punition étaient prédominantes. Les politiciens et les décideurs voulaient satisfaire l’opinion politique, qu’ils disaient être en faveur d’une politique punitive. Ainsi, pour des raisons électorales, de plus en plus d’établissements carcéraux ont été construits. Les programmes correctionnels ont donc été discrédités. C’est l’évolution des examens quantitatifs qui ont permis de redonner du pouvoir aux programmes en prouvant l’efficacité des traitements, avec l’appuie des méta-analyses.
A présent que sont reconnues la légitimité et l’efficacité des programmes correctionnels, le théoricisme, l’ethnocentrisme, la destruction de la connaissance, le transfert d’expertise défaillant, et le manque de formation des intervenants sont encore de gros obstacles au dessus desquels il va falloir passer pour que soient véritablement mis en application les programmes.
3. Cadre et contexte de prédilection…
C’est la nature de la peine qui déterminera le genre de programmes utilisés. En effet, le cadre est vaste puisque le lieu d’exécution de ces derniers peut être la communauté, ou l’établissement. Le contexte de prédilection est lui aussi très large, puisque les programmes dépendent aussi des stades de prévention. Tolan, Guerra et Hammond (1994) en ont catégorisés trois :
La prévention primaire, qui est fondée sur deux approches, la prévention des situations, et la prévention par le développement. La première vise à limiter les occasions de commettre un crime, tandis que la seconde cible des populations fragiles dans le but de réduire les problèmes, à long terme, tel que la délinquance.
La prévention secondaire vise quant à elle des populations qui ont des risques déjà connus et problématiques, tel que la violence, les troubles de comportement, où les efforts déployés sont au niveau de la prévention de la délinquance juvénile.
Enfin, la prévention tertiaire s’adresse aux délinquants qui sont déjà reconnus coupables, dans l’objectif de réduire le taux de récidive.
Les types d’interventions, qualifiés dans cet ouvrage de programmes, sont présents dans les trois types de prévention. Le chapitre, quant à lui, se consacre uniquement aux programmes correctionnels donnés dans la prévention tertiaire, où les personnes sont donc contraintes de participer aux programmes, suite à des décisions judiciaires. En fonction du cadre d’intervention, et donc, indirectement, des risques criminogènes de la personne, les programmes pourront aller du plus intense (milieu carcéral, centre de garde etc., suivie intensif dans la communauté etc.) au plus léger, du plus court (quelques jours) au plus long (quelques années). Ils peuvent être précis et cibler un problème, ou bien cibler au contraire des objectifs très larges, mais dans tous les cas, ce sont les programmes multimodaux qui sont recommandés.
4. Modalité des interactions…
Un travail de partenariat est organisé autour de la personne délinquante, ou antisociale. Les enseignants, les travailleurs sociaux, les agents de probations, les éducateurs, les psychologues, les spécialistes (toxicologue, sexologue, psychiatre etc.), entre autre, sont les principaux acteurs. Ainsi, services correctionnels entretiennent des liens avec de nombreux autres organismes. Les interventions peuvent être employés séparément ou en conjonction.
Enfin, afin de maximiser l’impact des programmes correctionnels sur le délinquant, tout ceux qui gravitent autour de lui, soit la famille, l’école, les employeurs, etc. sont aussi impliqués dans les programmes.
5. Définition des objectifs poursuivis et de l’alliance thérapeutique…
Officiellement, le but social est d’assurer la sécurité de la collectivité, en contrôlant les individus ayant causés du tord à d’autres, tout en tenant compte de leurs besoins.
Le but des différents programmes est le même, soit, générer des changements chez les délinquants, à partir de choix personnels. Plus particulièrement, « faire en sorte qu’une personne ayant un comportement délinquant ou antisocial devienne plus respectueuse des lois ou adopte un comportement prosocial. Plus particulièrement, les programmes correctionnels visent à réduire les facteurs de risques et à renforcer les facteurs de protection : concrètement, les changements visés sont d’ordre comportementaux, cognitifs, psycho-affectifs, sociaux. Les deux premiers sont les plus souvent retenus dans les programmes, état donnés qu’ils sont plus facilement visibles.
Pour cela, l’alliance thérapeutique est vue comme particulièrement importante dans le processus de changement de la personne criminelle, d’autant que la grande majorité de la population concernée sont dans la résistance au changement. Cette alliance contribue à sa réceptivité au traitement, directement en lien avec la réduction de la récidive. L’un des défis serait de parvenir à aider la personne à passer de l’étape de précontemplation à la contemplation, puis à la détermination, à l’action et enfin au maintien.
6. Grille d’analyse/explication des problèmes cibles…
Les « clients », tel qu’ils sont nommés dans le texte de Motiuk, qui ont des comportements criminels ont la plupart du temps des problèmes de personnalité (hostilité, opposition, contrôle, domination etc.), de comportement (manque d’habiletés, incapacité à reconnaître sa responsabilité, colère, agressivité, violence et.), environnementaux (milieu socio-économique précaire, absence de bon réseau social etc.) et peuvent aussi présentés des traits de troubles mentaux (personnalité limite, antisociale, narcissique, psychopathique etc.). Ces facteurs, contribuant à la résistance, font de ces individus des clients qui ne présentent pas une bonne réceptivité au traitement, pour la majorité.
7. Stratégies d’intervention et processus de changement…
→ Matériel ciblé et travaillé durant l’intervention
Dans l’intervention auprès de personnalité criminelle, trois plans sont retenus : l’éducation, afin d’aider les personnes à acquérir des connaissances, la formation, afin de donner des outils pour permettre de développer des techniques manuelles ou cognitives, la thérapie, afin de remédier à des troubles émotifs et traiter les symptômes d’inadaptation. Cela peut être comparable aux procédés de guérison. La combinaison des trois procédés doit permettre de dégager de nouveaux modes de fonctionnement (de raisonnement et de résolutions de problèmes).
L’intervention doit ciblé tous les facteurs qui entrent en compte dans le comportement criminel et une attention toute particulière est accordée aux huit facteurs de risques suivant : les attitudes/ valeurs/ croyances, le soutien interpersonnel et social, les éléments fondamentaux de la personnalité, les antécédents de comportement antisocial, les circonstances difficile au foyer, à l’école et/ou au travail, dans les loisirs, et enfin la toxicomanie. Les besoins criminogènes des personnes sont ainsi ciblés par des outils d’évaluation/d’inventaire des risques et besoins criminogènes et l’intervenant tentera de les réduire, afin de diminuer la récidive.
Puis, les cibles favorisées sont l’évolution de la cognition ainsi que des états émotifs cognitifs antisociaux, la réduction des relations avec les pairs antisociaux, et l’augmentation des connaissances prosociales, le renforcement de la maîtrise de soi, du contrôle de soi et des compétences en résolution de problèmes.
L’intervenant doit aussi avoir une attention particulière à la réceptivité au traitement du client, afin d’accès ses stratégies, qui est un critère de réduction de la récidive important. Les facteurs de réceptivité comprennent la personnalité, la capacité, la motivation, les points forts, l’âge, le sexe, l’origine ethnique, la langue etc. Ainsi, tous ces éléments sont à prendre en compte durant l’intervention.
Pour toutes ces notions, ce sont les comportements et les cognitions de la personne qui sont ciblés, puisque ce sont ceux-là qui sont observables et mesurables. Il tentera de lui apprendre à acquérir des comportements plus prosociaux et adaptés.
→ Attitudes encouragées chez l’intervenant
Les programmes proposent des activités structurantes, accès sur la résolution de problèmes, l’utilisation de l’autorité, le renforcement des modèles anticriminels et l’acquisition d’aptitudes, favorisée par la mise en pratique des comportements et attitudes prosociales, en utilisant notamment des techniques de renforcement, le contexte de jeux de rôle, d’approximations progressives, d’extinction et de restructuration cognitive.
Mais afin de faire en sorte qu’un bon lien thérapeutique se mette en place, afin que la personne adhère plus facilement au processus de changement, et soit réceptive, l’intervenant doit avoir de bonnes qualités interpersonnelles, ouvertes, chaleureuses, dépourvues d’hostilité et de blâme, et engageantes. Il doit aussi être sincère, empathique, compétent, capable de motiver le client, avoir une bonne capacité de communication, être ouvert, enthousiaste, souple, attentif, respectueux, bienveillant.
Il doit cependant définir à la personne son rôle de professionnel ainsi que les limites de sa relation avec le client, et les maintenir tout au long du traitement.
→ Interventions et rétroactions verbales de l’intervenant
Les interventions varient en fonction du type de délinquants. Cependant, selon un bon nombre de chercheurs, il serait gagnant de commencer le programme par des entrevues motivationnelles (Miller et Rollnick, 1991). Cela reviendrait donc à aider les clients à faire une analyse des coûts-bénéfices du mode de vie délinquant. Il faudra aussi pouvoir créer des choix de motivations efficaces. Cette attitude non confrontante favoriserait l’établissement d’une bonne alliance thérapeutique. Il ne faut donc pas blâmer le « client », ni les étiqueter. Il ne doit pas non plus être trop moralisateur, trop critique.
8. Indications/Contre indications…
Ces programmes sont indiqués pour toutes les personnes ayant des comportements criminels : Tant les adolescents que les adultes délinquants sont visés. Hommes ou femmes, violents, intoxiqués, psychopathes, détenus, agresseurs sexuels etc.
Il est indiqué que les personnes à risques élevés aient les services les plus intensifs et que ceux qui ont des risques plus faibles aient peu ou pas de service. Le risque alors serait d’accroître les risques au lieu de les diminuer, par des facteurs tel que l’influence des pairs etc.
9. Résultats et efficacité…
Depuis quelques années, de nombreuses études portant sur les programmes correctionnels ont été répertoriées. Toutes les études (Lipsey, en 1992, Moncher et Prinz, Hollin, Andrews et Bonta, en 1998, Cullen et Gendreau en 2000 etc.) ont démontrés l’efficacité des programmes, en testant ceux qui étaient efficaces pour réduire la récidive et ceux qui ne l’étaient pas. Ainsi, tous, intervenants comme chercheurs, reconnaissent la nécessité et la validité de ces programmes.
Des études démontrent aussi que l’effet des programmes augmente avec le respect des principes des services à la personne, du risque, des besoins et de la réceptivité générale. En effet, à présent, les services correctionnels du Canada, comme dans plusieurs pays, cherchent à établir des méthodes afin d’assurer une bonne application de l’intervention. Selon Trotter(1999), il est essentiel que le travail social applique le modèle le plus fidèlement possible aux principes énoncés afin que les résultats soient significatifs. Des résultats montrent que tant les facteurs de réceptivité internes qu’externes sont à prendre en considération, afin de réduire la récidive.
10. Conclusions sur « les ingrédients actifs »…
- Mise en application optimale des programmes :
La sélection, la formation et la surveillance clinique des travailleurs face aux programmes (théories, outils etc.) est favorisée, ainsi que la mise à disposition de manuels sur le programme. Ce sont des ingrédients qui permettent une meilleure intégration des programmes et donc une meilleure intervention.
La motivation, le soutien de la direction, la compétence du personnel, un rapport des coûts-bénéfices, des objectifs et des méthodes claires, une structure hiérarchique bien définie sont des critères de réussite, pour une bonne mise en application des programmes correctionnels dans les services. De plus, l’intervention de chercheurs dans la conception ou la prestation des services accroît l’intégrité des programmes, afin de bien connaître les études consacrées aux pratiques, ainsi que les effets réels du programme.
- Les caractéristiques des programmes :
Le programme, quant à lui, doit être cohérent, et ses objectifs doivent être SMART, c’est dire simples, mesurables, atteignables, réalistes et dans le temps. De plus, le contenu des programmes doit être vu comme faisant partie d’un tout interactif, dynamique et évolutif.
Il est préférable que les programmes soient donnés dans la communauté, lorsque les facteurs de risques sont peu élevés. S’ils sont donnés en unité résidentielle ou en établissement, il est bénéfique d’axer les services sur la communauté.
- Les caractéristiques de l’intervention :
L’intervenant doit travailler dans le sens de la résistance : cela permettra de la réduire, le client devra participer activement à l’élaboration de son plan d’intervention, pour être preneur.
Pendant le traitement, les renforcements doivent être présentés quatre fois plus que les punitions.
¤ QUEBEC: La thérapie psychodynamique, Kernberg
1. Références théoriques et empiriques…
La thérapie psychodynamique, décrite par Kernberg, se base fondamentalement sur les travaux de Freud, puis de ses disciples, tel que M. Mahler. Elle fait donc explicitement référence aux théories psychanalytiques contemporaines et plus lointaines. Ainsi, les principales notions qui décrivent l’individu, dans sa réalité interne et externe sont le conscient et l’inconscient, le Moi, le Ca et le Surmoi, le normal et le pathologique, la névrose, la psychose et les états limites, les stades (le stade oral, anal, le complexe d’Œdipe), les pulsions, les conflits intrapsychiques, le refoulement, etc. En ce qui concerne la thérapie proprement dit, les notions de transfert, de contre transfert, de neutralité bienveillante, d’association libre sont les concepts clés présentés par Kernberg.
2. Références légales, sociales ou politiques…
Les références légales, sociales ou politiques ne sont pas présentes dans la thérapie psychodynamique. En fait, c’est depuis l’apparition de la psychanalyse que ces thérapies sont utilisées.
3. Cadre et contexte de prédilection…
C’est avec le patient que le thérapeute fixe la fréquence de ses séances. En général, il s’agit d’une séance par semaine, mais, en fonction de la situation, cela reste variable. Cependant, une fois que le cadre est posé, il est important dans ce genre de thérapie de le respecter et de ne pas le changer, sauf dans de rares situations. Ainsi, les interactions entre le patient et le thérapeute sont le plus régulières possibles. De plus, elles sont ponctuelles, puisque le thérapeute n’intervient pas en dehors de ce cadre thérapeutique, afin de préserver l’authenticité de « ce lien thérapeutique » avec son patient.
Généralement, le thérapeute intervient seul, et ne travaille pas en équipe. Il doit garder, tant que possible, la confidentialité des propos du patient, ici, état limite, à moins qu’il s’agisse d’informations très particulières. Il intervient dans un contexte volontaire, où le patient devrait idéalement désirer changer.
4. Modalité des interactions…
Les interactions sont donc basées sur une relation duelle entre le thérapeute et le patient. Elles sont définies en terme de relation transférentielle et contre-transférentielle.
5. Définition des objectifs poursuivis et de l’alliance thérapeutique…
L’objectif principal du thérapeute est de faire en sorte que les conflits intrapsychiques inconscients du patient, qui génèrent des difficultés d’adaptation, soient mis à jour, c’est à dire, qu’ils deviennent conscients, afin que la relation d’objets, archaïque (clivée et partielle) devienne plus élaborée et dépasse les stades oraux et anaux, pour atteindre une dimension triangulaire, soit totale. Plus simplement, le thérapeute doit permettre au patient de changer en l’aidant à identifier ses représentations défaillantes de l’objet, et de soi, afin de les intégrer de façon plus élaborée.
C’est par l’interaction thérapeutique, appelée transfert, que les fantasmes archaïques du patient sont réactualisés dans l’ici et maintenant. Par ce biais, le thérapeute doit analyser la relation qui se joue afin de l’interpréter au patient de façon à ce que ce dernier puisse comprendre les motivations et défenses inconscientes qui déterminent ses passages à l’acte. Son rôle n’est ni celui d’un éducateur ni d’un enseignant : il ne lui donne ni conseils et ne lui fait aucun reproche, ne prend pas partie, ne juge pas. Pour que le patient puisse parvenir à avoir un discours « total », sans mensonges, tabous ni retenues, celui-ci doit se sentir parfaitement à l’aise et en confiance. Pour cela, le thérapeute doit lui manifester une écoute compréhensive et attentive, ainsi qu’une attitude neutre et bienveillante.
Avant que la psychothérapie expressive ne commence réellement, le patient et le thérapeute doivent établir ensemble un contrat, afin de structurer le traitement. Les objectifs doivent donc être clairs et réalistes, ainsi que satisfaisants pour le patient. C’est également par ce contrat que les deux individus vont se mettre d’accord sur le tarif, le mode de paiement, le prix des séances manquées, la fréquence des séances, la conduite vis-à-vis de tierces personnes etc. L’échéance n’est pas prédéterminée, car celle-ci dépend de l’évolution du traitement, différent selon chaque individu, mais la fin est déterminée par le thérapeute, lorsque celui-ci juge que le patient a atteint ses objectifs.
6. Grille d’analyse/explication des problèmes cibles…
Dans la thérapie psychodynamique des personnalités limites, les problèmes du patient sont avant tout internes et sont décrits en terme de pathologie. L’organisation intrapsychique précoce serait restée archaïque, ce qui entraînerait des conflits intrapsychiques préoedipiens importants ainsi que des représentations psychiques non élaborées, et fixées aux stades oral et anal. Ainsi, les relations triangulaires seraient particulièrement déficitaires, puisque mal, voire non intégrées.
Le Moi est donc mal construit, entre un Ca trop présent (les pulsions et les fantasmes archaïques débordants et n’étant pas maîtrisables), et un Surmoi sadique et persécuteur, qui n’est pas intériorisé, ne refoulant donc pas suffisamment les pulsions, et expliquant par là même, les nombreux passages à l’acte de l’individu. Les relations à l’autre, directement liées à la relation d’objets sont donc défaillantes, puisqu’elles sont, comme nous l’avons évoqués, archaïques et clivées.
7. Stratégies d’intervention et processus de changement…
→ Matériel ciblé et travaillé durant l’intervention
Le thérapeute se centre sur les éléments verbaux du patient, mais aussi ceux qui sont non verbaux, dont les attitudes gestuelles et les silences.
Plus particulièrement, dans le discours, celui-ci va chercher à analyser le transfert (positif comme négatif) dans l’ici et le maintenant, soit les émotions et les fantasmes qui se jouent dans la relation thérapeutique, et que le patient lui projette. Etant donné qu’il s’agit d’une reproduction des émotions et réactions vécues dans le passé du patient, le thérapeute parvient alors à comprendre la dynamique interne et la relation de ce dernier aux objets passés intériorisés. Deux types de transfert sont mis en place : Les transferts primaires, concernant les relations d’objet partiel, et les transferts élaborés, se jouant au niveau des relations d’objet total. Avec les personnalités limites, ce sont les transferts primaires qui sont à prendre en compte, qui doivent être progressivement remplacés par les transferts élaborés, avec l’aide du thérapeute et son éclairage.
Le contre-transfert est également un matériel qui doit être utilisé par le thérapeute, et concerne « toutes les réactions affectives du thérapeute vis-à-vis du patient. » La plupart du temps, celui-ci est une conséquence des défenses archaïques d’un transfert intense et primaire. Ainsi, le contre-transfert permet directement d’éclairer le transfert, et de mieux comprendre le patient. Il est en ce sens indispensable lors du traitement, et particulièrement de l’interprétation.
Enfin, il arrive que des passages à l’acte aient lieu. Dans ce cas, le thérapeute doit mettre un accent particulier dessus et ne pas les mettre de coté. Il doit tenter de l’interpréter avec le patient afin que ce dernier comprenne mieux et extériorise ses conflits internes.
→ Attitudes encouragées chez l’intervenant
Le thérapeute encourage son patient à tout dire, par son attitude bienveillante et son écoute attentive. Il doit être le plus neutre possible, c'est-à-dire un intérêt objectif et équilibré » afin de permettre au patient de tout dire, sans investir des éléments plus que d’autre. Il doit aussi adopter une « attitude d’abstinence », selon Kernberg, c'est-à-dire, ne pas répondre aux exigences conscientes et surtout inconscientes du patient, tout en restant quelqu’un de chaleureux, d’humain, d’attentionné.
Par contre, celui-ci doit être exigent sur ce qui concerne le contrat et l’engagement du patient. Il doit lui faire comprendre la nécessité d’un tel contrat. Pour les personnalités limites où la gestion du temps est difficile, le thérapeute doit être ferme et intransigeant, à un point tel qu’il pourra interrompre le traitement si cela n’est pas respecté.
→ Interventions et rétroactions verbales de l’intervenant
Le thérapeute a toujours une écoute attentive, qui lui permet de sélectionner le matériel sur lequel mettre l’accent, et d’explorer les différents thèmes, soit l’affect, le transfert, le contre-transfert et/ou la réalité externe, afin de travailler sur ceux qui lui semblent les plus significatifs.
Par des outils d’investigation, il parviendra La clarification est la première étape du processus. Cela consiste à inviter le patient à toujours en dire plus, à expliciter davantage, à être plus clair, à expliquer son discours. Ainsi, le thérapeute va lui demander d’éclairer des zones qui sont sombres, inexplorées ou incohérentes. Cela permet au patient, comme au thérapeute, de comprendre davantage ses pensées et de faire en sorte que le matériel qui servira plus tard à l’interprétation soit le plus « épluché » possible.
La seconde étape est celle de la confrontation. Cela permet de rendre le patient conscient de ses conflits et de ses dissonances, qui lui semblait avant cela naturels. Encore une fois, les interventions du thérapeute sont limitées aux éléments qui lui semblent indispensables de reprendre, et sont énoncés sous forme d’une question, afin d’inciter le patient à réfléchir davantage. Cette étape est le dernier pas vers l’interprétation.
Enfin, l’interprétation proprement dite met en lien le matériel conscient avec les motivations et désirs inconscients, afin que les conflits soient rendus intelligibles, et par là-même « désamorcés ». Pour cela, il doit analyser le transfert « qui consiste dans l’analyse de la réactivation dans l’ici et maintenant des relations d’objets intériorisées du passé, et qui constitue aussi l’analyse des constructions du Moi, Surmoi et Ca. » Par ses interprétations, qui sont des formulations d’hypothèses concernant les liens entre les conduites conscientes et inconscientes du patient, le thérapeute doit parvenir à faire émerger la signification du transfert inconscient.
8. Indications/Contre indications…
C’est lors de l’évaluation préliminaire que le thérapeute juge de la pertinence de la thérapie pour ses patients. Ces traitements sont privilégiés pour les personnalités limites ou les névrosés. De plus, l’individu doit être dans une démarche active de changement, et doit être ouverte à cette forme de thérapie. De plus, comme il s’agit de traitements essentiellement basés sur la capacité de l’individu à faire des liens, il est essentiel qu’il ait un quotient intellectuel normal, sinon quoi les interprétations du thérapeute ne feront pas de sens.
Par contre, ils sont contre indiqués pour les psychotiques et plus particulièrement pour les personnalités psychopathiques, ainsi que pour ceux qui ne sont pas en demande, car ils court-circuiteraient la démarche.
9. Résultats et efficacité…
Ces thérapies psychodynamiques privilégient la qualité de la relation, et s’intéressent à l’individu dans toute sa singularité. Ainsi, les études quantitatives ne sont pas réalisables car il s’agit d’un traitement à long terme, où les changements peuvent apparaître longtemps après la thérapie. Ceux-ci sont internes et ne concernent pas directement le comportement observable. Cela explique malheureusement en grande partie pourquoi ces thérapies ne sont pas d’avantage utilisées, car, dans une ère où tout doit être quantitativement justifié, elles n’apportent pas de résultats concrets et chiffrés en ce qui concerne l’efficacité du traitement.
10. Conclusions sur « les ingrédients actifs »…
Il est indispensable de maintenir le cadre du traitement le plus stable possible, particulièrement pour les personnalités limites, qui ont des défenses très précaires et qui pourraient être déstabilisés. Cela concerne les éléments du contrat, soit les limites spatiales et temporelles, le déroulement des séances, la responsabilité et les engagements du patient comme du thérapeute.
Les objectifs doivent être réalistes et les moyens explicités. Par contre, le contrat ne doit pas être violé, ou si tel est le cas, il faut revenir sur la situation avec le patient, tenter de comprendre et de trouver des solutions. Si cela est impossible, le thérapeute devra mettre fin au traitement.
Entre la mise en place du contrat et le traitement proprement dit, une frontière claire doit être mise en place, pour que le patient s’engage correctement dans le processus thérapeutique.
La communication entre le patient et le thérapeute doit être la plus authentique et la plus ouverte possible. Pour cela, la neutralité bienveillante est fondamentale, comme nous l’avons précisé plus haut.
¤ QUEBEC: Le modèle psychoéducatif de Gendreau
1. Références théoriques et empiriques…
Le modèle psychoéducatif est une approche humaniste, vivement inspiré de théories issues de la psychologie, plus précisément celles d’Erikson (1963), et de son concept de stade du développement de l’identité en lien avec la relation de l’individu à son milieu. Il est aussi inspiré des théories cognitivistes, tel que la théorie interactionniste et constructiviste de Piaget (1956), incluant les notions d’assimilation et d’accommodation, et de stades du développement de l’intelligence. Il repose tout particulièrement sur deux références :
- Celles de l’être humain, en tant qu’individu en constante évolution et spécifiquement en difficulté, et en déséquilibre, sur le plan physique, psycho-affectif, social, cognitif et moral, expliquant ainsi sa mésadaptation sociale.
- Celles de l’interaction entre l’être humain en difficulté et son environnement, plus particulièrement l’intervenant.
C’est de ces notions qu’est directement inspirée la théorie de rééducation de Guindon (1969), puis approfondit par Grégoire dix ans plus tard, en la conceptualisant comme une restructuration du Moi, par l’actualisation des forces individuelles. Enfin, Gendreau (1978) introduit la notion de milieu de vie comme un ensemble structural dynamique de dix composantes essentielles interreliées et propose une organisation qui en définit les principaux aspects.
2. Références légales, sociales ou politiques…
Le modèle psychoéducatif québécois a été élaboré à partir des années 1960, par des éducateurs de divers centres de réadaptation et de protection pour les jeunes en difficulté, notamment celui de Boscoville, aujourd’hui encore une référence pour le développement de ce modèle. C’est dans les années 70 qu’il était à son essor et appliqué de manière pure, dans les unités de vie. Ainsi, le modèle psychoéducatif est apparu dans un contexte de désinstitutionnalisation des adolescents en difficulté, et de requestionnements des pratiques éducatives.
3. Cadre et contexte de prédilection…
Dans le modèle psychoéducatif québécois de Gendreau, il s’agit d’un cadre légal, et particulièrement en centre de protection ou de réadaptation. Il s’agit donc de répondre au mandat, soit de la Loi sur la Protection de la Jeunesse, soit de celle sur le Système de Justice Pour Adolescents, anciennement la Loi pour les Jeunes Contrevenants. C’est donc dans un contexte institutionnel d’approche de milieu, généralisée à de nombreux milieux d’intervention, que le modèle psychoéducatif est utilisé. Ainsi, dans un tel contexte, le travail d‘équipe est au cœur, puisqu’il ne s’agit pas du suivi ponctuel d’un jeune, mais bien d’un suivi « intensif », au sein d’une unité de vie qui peut répondre à ses besoins, dans un contexte de groupe, pendant un délai, définit par l’ordonnance du juge.
4. Modalité des interactions…
Le cadre théorique même met un bras d’honneur sur les interactions, qui sont au cœur de l’intervention. Elles sont majoritairement en groupe, étant donné qu’il s’agit d’un milieu de vie où se développent les jeunes en difficultés. Dans ce milieu d’intervention, « le groupe doit servir à l’évolution des individus » (Gendreau, 2001): il est un moyen d’aider le jeune à se réadapter dans un univers social. Un volet individuel est également consacré aux jeunes, pour répondre au souci de l’individualisation du suivi, notamment en ce qui concerne les activités (scolaires, artistiques, sportives etc.) et les rencontres.
C’est aussi avec tous les partenaires sociaux que les intervenants sont en relation, afin de rendre le suivi le plus cohérant possible et de mettre toutes les chances du coté du jeune, soit les professeurs, les éducateurs, les parents etc.
5. Définition des objectifs poursuivis et de l’alliance thérapeutique…
Il y a, dans l’approche psychoéducative, deux niveaux d’objectifs, tel que l’explique Gendreau : Il y a d’abord les objectifs généraux, qui sont ceux qui correspondent au mandat de l’établissement, et, par extension, de la société. Dans ce milieu de vie, l’une des attentions des intervenants est particulièrement l’alliance thérapeutique, puisque créer une relation positive entre eux et les jeunes est fondamentale, dans ce contexte de « vécu partagé ».
Les objectifs spécifiques, quant à eux, sont utilisés en fonction des objectifs généraux, et adaptés au contexte et au cadre de l’unité. Ils sont donc définis, « en lien avec les composantes du milieu ». Ils sont des étapes, non déterminées dans le temps et souples, qui permettent d’atteindre progressivement les objectifs généraux, dans le temps déterminé par la loi (exemple : l’ordonnance du juge.) Les critères principaux sont leur caractère observable, mesurable, réaliste, concret et limité. Il faut avoir une attention toute particulière sur les forces, les faiblesses et les différents besoins du jeune, pour parvenir à permettre au jeune de retrouver un certain équilibre, dans ses sphères développementales et sociales.
Ces objectifs spécifiques sont mis en place avec la collaboration du jeune, des autres professionnels et, si possible, des parents. De façon à le rendre le plus acteur possible, l’intervenant essaye au maximum de faire en sorte que ce soit lui qui découvre et spécifie ses objectifs.
6. Grille d’analyse/explication des problèmes cibles…
Selon l’approche humaniste de Gendreau, « toute conduite humaine étant globale » et « déterminée par une foule de facteurs » (Gendreau, 2001). Ainsi, dans ce contexte de réadaptation et de protection, les problèmes ciblés sont définis en terme de besoins, qui ne sont pas comblés adéquatement. Ainsi, le fonctionnement interne et externe de l’individu serait en déséquilibre, soit au niveau de lui-même et de son environnement.
7. Stratégies d’intervention et processus de changement…
→ Matériel ciblé et travaillé durant l’intervention
Durant l’intervention dans une approche humaniste, c’est avant tout l’expérience vécue dans l’ici et le maintenant qui est ciblée, c’est sur cet aspect que les intervenants travaillent. Ainsi, dans ce milieu de vie, adapté spécifiquement aux besoins des jeunes, où un cadre clair est définit, tant au niveau du temps, de l’espace, que des règles de vie (établissement d’horaires constantes, d’un espace sécurisant, d’un code de vie et de procédures cohérents et appropriés), le professionnel se centre sur les comportements observables et mesurables des jeunes, pour être en mesure d’évaluer son évolution et ses progrès. L’intervention laisse donc, particulièrement dans les premiers temps, une large place à l’étude des comportements dans la réalité du milieu de vie, par l’observation.
L’intervention met un accent tout particulier sur le projet de vie du jeune, qui est vu comme un « chemin tracé dans ses grandes lignes », qui lui ouvrira de nouvelles possibilités. C’est tout au long du suivi, par le projet d’intervention, que ce projet de vie est peu à peu mis en place et concrétisé, par un accompagnement du jeune dans les situations vécues, et en orientant sa participation dans les activités du milieu, ainsi que, peu à peu, son autonomie, car, en travaillant sur les forces et les faiblesses du jeune, c’est avant tout la généralisation des conduites acquises, qui est ciblée, ainsi que le retour du jeune à un certain équilibre.
Dans ce milieu de vie, la relation individuelle entre l’intervenant et le jeune est très importante. Les contacts intimes, la bonne connaissance de chaque jeune permettent notamment d’instaurer un lien de confiance avec ce dernier, et, de ce fait, de faciliter sa collaboration tout au long de son suivi. En plus du jeune, il est important de parvenir à rendre partenaire de la démarche d’intervention les parents et toutes les personnes significatives dans la vie du jeune, de façon à ce que le milieu naturel soit le plus propice à recevoir et accueillir le jeune, lors de son retour dans la communauté.
→ Attitudes encouragées chez l’intervenant
Dans la perspective psychoéducative, l’intervenant doit donc avoir une attitude à la fois d’éducateur et de psychologue. Il est donc interventionniste, puisque c’est directement au cœur du vécu du jeune qu’il intervient. C’est en cela que l’on parle de « vécu partagé ». L’intervenant doit donc pouvoir accompagner le jeune dans la participation aux différentes activités du programme, mais aussi participer activement à la vie du milieu : il doit être dynamique, congruent, disponible, sécurisant, encourageant, compréhensif, interactif. Il doit aussi, de façon plus technique, avoir des qualités d’animateur de groupes, d’évaluateur, de planificateur, d’organisateur, d’observateur, de facilitateur et de médiateur, lors de conflits, etc.
Il doit aussi parvenir, afin d’entrer en relation avec le jeune et de développer un lien significatif de confiance, pour vivre des relations harmonieuses avec lui, être à l’écoute, favoriser l’échange, rester objectif, être souple, empathique. On ne lui demande pas d’être neutre, puisque sa personnalité, ses valeurs et son vécu sont les forces de ses interventions et de ses méthodes de travail, auprès du jeune.
Par toutes ces qualités professionnelles, ainsi que sa connaissance sur chacun des jeunes pour leur permettre de les aider à réaliser leurs objectifs en leur donnant les moyens pour le faire et rendre le milieu opérationnel, il doit permettre aux jeunes de s’approprier ses objectifs généraux et de les atteindre, en leur donnant un sens. C’est par un système d’évaluation et de reconnaissance que l’intervenant parviendra à apprécier l’évolution des conduites des jeunes et que ces derniers intérioriseront peu à peu les comportements adéquats à acquérir, et ceux qui sont à abandonner. Des moyens renforçateurs, implicites ou explicites sont continuellement utilisés par les intervenants, pour signifier aux jeunes les progrès réalisés, et ceux qui restent encore à accomplir.
→ Interventions et rétroactions verbales de l’intervenant
L’intervenant doit avoir un discours encourageant, et reconnaître les qualités, les efforts et les acquis, bien plus que ses échecs et ses faiblesses. Il est important que lors des évaluations, le discours ne soit ni dévalorisant, ni culpabilisant, tant pour le jeune, que pour ses parents. Le système de reconnaissance mis en place permet que « le jeune puisse intérioriser la satisfaction d’avoir réussi ce qui était proposé ou pour lui souligner les progrès qui lui reste à accomplir. » (Gendreau, 2001) Ainsi, l’intervenant doit utiliser les félicitations, les témoignages de satisfaction, d’affection etc. le plus souvent possible, comme un renforçateur qui favorisera les comportements adéquats du jeune, et pour atténuer ou faire disparaître ceux qui ne le sont pas.
8. Indications/Contre indications…
Le modèle psychoéducatif est un modèle individuel et de groupe, privilégier tout particulièrement pour les adolescents en difficultés. Rien n’indique les contre indications du modèle psychoéducatif, en ce qui concerne les interventions en criminologie. Il semble, cependant, qu’elles ne concernent pas les adultes, mais uniquement les mineurs, ou jeunes majeurs, ceux-ci étant dans des stades de développement plus réceptifs aux changements, par un apport éducatif intensif.
9. Résultats et efficacité…
Gendreau nous énonce dans son texte que l’approche psychoéducative utilise un modèle d’intervention qui n’est pas scientifiquement quantifiable, c'est-à-dire que l’efficacité n’est pas réellement démontrée. Cependant, en ce qui concerne le taux de récidive, il semblerait, selon Leblanc et al., que cette approche a montrée de très bons résultats, particulièrement à la suite de l’évaluation de Boscoville, (Leblanc, 1983) où la méthode s’est avérée être la plus efficace en internat.
Aujourd’hui, à cause de certains changements sur le plan judiciaire et institutionnel, il semble que pour que l’approche reste efficace, elle doit être conjointe à une intervention cognitivo-comportementale ou cognitivo-développementale.
10. Conclusions sur « les ingrédients actifs »…
Un certain nombre d’éléments doivent être mis en place pour favoriser un changement, durable dans le temps.
Tant les fondements théoriques que les programmes qui sont à la base du travail de l’intervenant doivent mêler harmonieusement richesse, originalité et cohérence. L’intervenant doit avant tout avoir une bonne connaissance du jeune, de ses besoins, de ses forces et ses faiblesses, afin de pouvoir avoir un plan d’intervention individualisé le plus pertinent et adapté. Il doit croire dans le potentiel du jeune, et lui montrer qu’il met de l’espoir en lui. Il doit avoir une attitude bienveillante et respectueuse qui favorise la valorisation et la confiance, chez le jeune. Ses interventions seront appuyées par des outils, directement en lien avec le système de reconnaissance, pour permettre au jeune de renforcer ses comportements adéquates, et, finalement, de les généraliser. Il est conseillé d’utiliser au maximum pour le jeune des supports originaux, pertinents qui favorisent des expériences nouvelles, pour le plan d’intervention, afin de l’ouvrir à de nouvelles perspectives, adaptées à ses besoins et à ses forces.
Le milieu spécialisé doit lui aussi être adapté aux besoins de tous, et équilibré, entre chaleur et stabilité : l’objectif est que le jeune s’y sente bien, chez lui, mais soit contenu par un cadre permettant une vie en groupe satisfaisante pour tous. Les notion de temps et d’espace doivent donc être adaptés et réfléchis aux besoins des jeunes. Le groupe, quant à lui, doit être une force : Ce vécu partagé est un apprentissage social pour le jeune, qui apprendra à vivre les relations avec les pairs, les adultes, l’autorité, les règles, de manière adéquate.
Enfin, l’objectif final de l’intervention étant le retour du jeune dans la communauté, le milieu doit toujours s’inscrire au cœur de cette communauté, et particulièrement, celle du jeune. Le partenariat avec les parents, les acteurs sociaux significatifs est donc lui aussi un ingrédient essentiel pour permettre aux jeunes de retrouver un équilibre durable.
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