¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤

Murielle Fouassier témoigne de son expérience unique à travers ce blog: un voyage autour du monde, qu'elle a entrepris depuis janvier 2008, à la rencontre de milieux et de professionnels spécialisés en criminologie.

Suite à des études de psychologie, en France et de criminologie à Montréal, au Canada, Murielle a souhaité davantage élargir son champ de connaissance, afin de tenter de mettre en avant les pratiques d'interventions originales et efficaces en terme de diminution de la récidive, auprès des jeunes contrevenants, qui sont dans une période développementale complexe et déterminante.

Dans une ère où les interventions évoluent et progressent largement, où les moyens techniques nous permettent de dépasser nos propres horizons et de traverser les frontières, où tous les peuples se penchent sur des questions psycho-sociales déterminantes pour l'avenir de nos sociétés, "Criminologie de par le monde" symbolise le projet d'ouvrir et d'enrichir le regard porté sur l'intervention en criminologie. Il servira aussi à tous les professionnels exerçant de près ou de loin auprès d'une population de jeunes contrevenants, désirant ouvrir leur champ de connaissance ainsi que leur réseau.

Comment définir la criminologie en quelques mots? C'est une science sociale et humaine qui étudie les comportements criminels et tente non seulement d'expliquer le phénomène, en axant principalement son regard sur les causes et les impacts de la délinquance, mais aussi d'apporter des solutions, notamment en terme d'intervention.


¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤


¤ L'INTERVENTION EN CRIMINOLOGIE

.................................................................

10 avr. 2008

¤ SENEGAL : Intervention au sein d'un centre de sauvegarde, avril 2008


¤ Mise en contexte:

Après avoir réussi à trouver les coordonnées de la Directrice de l'Education Surveillée et de la Protection Sociale (DESPS) du Sénégal, non sans peine (numéro de téléphone et adresse non mis à jour sur internet), son emploi du temps, trop chargé selon ses propos, ne lui permettait finalement pas de me rencontrer. Cela signifiait donc clairement qu'il m'était impossible de rencontrer ni structures ni professionnels, étant donné qu'il fallait avoir son accord pour cela.
Ainsi, à Dakar, il fut impossible d'échanger sur l'intervention auprès des jeunes contrevenants.

Finalement, ayant fait des recherches malgré tout, certains établissements répertoriés, à l'extérieur de Dakar, semblaient très interressants, notamment en Casamance, à Ziginchor. Qui ne tente rien n'a rien... Une fois sur place, je me suis donc mise en relation avec deux structures: un centre de sauvegarde et un service d'action en milieu ouvert. L'un comme l'autre a accepté sans hésitation à me rencontrer pour échanger sur nos pratiques, et surtout, pour parler de la réalité de l'intervention auprès des jeunes, au Sénégal.

¤ Intervention au centre de sauvegarde de Ziginchor:

C'est Emile Dieme, le directeur du centre qui m'a accueilli. Celui-ci me propose de me faire visiter le centre, qui se trouve dans un environnement particulièrement agréable et disposant d'un grand espace vert de plusieurs hectars. Il y a une pièce servant d'école, une cuisine, un local pour les intervenants, un espace destiné à la couture, une grande pièce pouvant, dans l'avenir, permettre un hebergement pour les jeunes.
Actuellement, les financements ne permettent qu'à 3 professionnels d'être en activité: un directeur, qui, en plus des taches administratives, doit également prendre en charge les jeunes; un éducateur responsable pédagogique, qui s'occupe particulièrement de la gestion des dossiers; un autre éducateur qui gère l'école ainsi que les relations avec les partenaires extérieurs. De temps à autre, une monitrice de couture forme les jeunes. Malheureusement, là encore, les fonds manquent, à tel point qu'il n'y a que trois machines à coudre en état de marche, cela retreignant indubitablement le nombre de jeune qui s'investissent dans cette activité.

Quarante huit jeunes sont pris en charge, dont trente qui ont une ordonnance de garde provisoire. Il s'agit d'enfants dont les parents ont sollicités le juge pour prendre en charge l'éducation de leurs jeunes.
Les activités des jeunes sont les suivantes: scolarisation (étant donné qu'il n'y a qu'un éducateur-professeur, un seul niveau d'enseignement est proposé); repas; repos; jardinage; couture.

* Les difficultés et les projets pour le centre de sauvegarde:

M. Dieme et ses collaborateurs aimeraient pouvoir transformer cette institution en centre polyvalent, c'est à dire, avec et sans hebergement, et avec des jeunes en danger et des jeunes contrevenants, étant donné qu'elle est la seule de la région. Ainsi, le centre a le projet d'accueillir de jeunes délinquants, si la DESPS envoie les financements nécessaires, pour rendre réalisable une telle réorganisation du service. M. Dieme serait tout à fait motivé que le centre puisse prendre une telle expension, à condition, bien sûr, qu'il est tout le soutien materiel et professionnel pour rendre possible cela.
Dans un tel contexte, il aimerait mettre en place des activités telles que la menuiserie, la cérigraphie, la maintenance de froid, la sculture, la restauration et les activités sportives et améliorer les activités de couture, de jardinage ainsi que la scolarisation. Cependant, à trois intervenants, c'est actuellement irréalisable, et c'est déjà presque impossible de répondre au mandat actuelle de la structure. Selon M. Dieme, un centre équipé avec le materiel necessaire peut jouer son rôle mais l'inverse est difficile. Le centre ne possède pas non plus d'ordinateur ni de connection internet; pas de véhicules pour se déplacer dans les familles; pas de lits pour pouvoir heberger les jeunes... Celui-ci ainsi que son équipe restent, malgré ces réalités, très motivés et sont confiants pour l'avenir. Ils n'hésitent pas à dépenser, personnellement, en temps et en argent, pour continuer à faire fonctionner le centre et à en faire la promotion, en réalisant des campagnes de publicité, dans les villages ou par les ondes radio locales. Un bel exemple d'investissement personnel!

Aucun commentaire: